JOUR 7 : LIBERATION

Nous avons quitté Saint-Chély-d'Aubrac peu après 7h30 en traversant le pont des pèlerins et remontant sur l'autre rive pour traverser les bois et rejoindre le plateau d'où nous voyions au loin une mer de nuages dans la vallée du Lot.

Dans la descente vers le Couvent du Malet où nous dormons ce soir, nous avons pris, avant la pause déjeuner, un long temps de célébration pour déposer le fardeau que nous voulions laisser derrière nous. Chacun était invité à aller chercher une pierre représentant ce fardeau et en cercle, chacun à son tour est venu déposer la pierre pour bâtir un cairn, avec un refrain chanté ensemble à chaque fois invitant à "aller plus loin".

Un intense moment chargé d'émotion, de larmes dont le partage ce soir se faisait l'écho :

• "intérieurement, ce que j’ai déposé c’était plus lourd que le caillou. Libération, légèreté."
• "Gros moment d’émotion. Merci pour ce moment-là. Conversion, changer de vie. A un moment, j’ai vu la page blanche pour commencer à écrire un nouveau chapitre d’une nouvelle vie. On n’a pas trouvé un caillou assez gros pour représenter ce qu’on a posé." 
• "Renouveau et fierté. Je n’aurais jamais pensé vouloir faire du bien et autant de bien. Je me sens changé, j’ai de nouveaux objectifs."
• "Tu m’as enlevé un gros poids. On veut tellement s’en sortir. Je me suis senti de marcher d'un pas léger."
• "Je pense que cette aventure, ça nous a marqués au fer rouge".
• "Ce sera indélébile".
• "S’il y a un aspect qui peut faire croire que la nouvelle vie est possible, c’est d’avoir dit ce qu’on posait. Posant notre pierre on a joué le jeu de déposer des trucs pesants et personnels".
• Qu’on le fasse tous ensemble, ça m’a touché, ça m’a ému".

Ces pierres laissées sur le chemin sont beaucoup plus que des pierres, comme ces paroles le traduisent. Demain le texte parle du combat intérieur et on commençait à parler de l'appréhension du retour. Conserver le bénéfice de ce qu'on a reçu dans un univers qui va le mettre à mal. Le texte de demain parle de nourrir le meilleur en nous, ce que l'on fait depuis une semaine et qu'il faudra apprendre à continuer de faire dans un contexte hostile. Il reste trois jours pour travailler cela. Et je formule le vœu que cette libération éprouvée aujourd'hui à l'intérieur conduise à une libération au sens strict de pouvoir cultiver en dehors de la prison le bénéfice de cette aventure et faire le bien dont nous avons trouvé le goût.

Bonne nuit à vous qui nous suivez. Que les grâces que nous recevons ici vous rejoignent là où vous êtes !